15. janv., 2021
Amis philosophes, soyez les bienvenus !
Penser par soi-même est un mythe né d’un fantasme : celui de croire qu’il existe une pensée unique dont l’authentique génialité pourrait surpasser et dominer toutes les autres. Croire cela est infondé et dangereux. En divinisant de la sorte la raison humaine, on ne peut voir que penser est un acte qui n’a de personnel que le désir. Chacun peut librement y consentir. Cependant, ce choix opéré, l'esprit dans son effort personnel doit reconnaître, sans plus se mentir à lui-même, que le savoir auquel il tend, si original et exclusif se veut-il, ne peut jamais être une production ex nihilo. Penser par soi-même ne saurait être davantage la répétition du même, un « pléonasme », comme le voulait Hegel contre Kant. Faire l’hypothèse d’une pensée absolument neuve, détachée de toute référence, une pensée, en somme, messianique peut bien bercer de son illusion l’esprit égocentré d’un Apollon et nourrir sa vision architectonique des arts. Mais cela ne saurait contenter l’esprit philosophe d’un Dionysos, collecteur et libéral. Penser, qui consiste à déployer son désir de savoir avec les autres et pour les autres, comme beaucoup l’ont fait et le feront encore, c’est penser par soi-même. Ainsi, philosopher, qui associe raison et rigueur à la pensée, ne peut être qu’un échange, une confrontation ou mieux, un partage. C’est déjà être ensemble.
"Il faut rire et ensemble philosopher"
(Sentences vaticanes, 41).
Lire les grands philosophes est vital à toute réflexion philosophique.